Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/258

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DE Cil A M FORT. ll\’J

dépasser précipitamment d’un régime à un régime opposé, et réduite, dans ce passage trop rapide, à se défendre contre les attaques du despotisme, sans avoir eu le temps d’organiser en quelque sorte la liberté. Quelle devait être la terreur de tous les bons citoyens, dans une ville où se réunissaient toutes les corruptions, celle de l’excessive opu- lence et celle de l’extrême misère, asile de quel- ques vertus, mais à coup sur repaire de tous les vices, et recelant dans son sein les ennemis mortels du nouvel ordre politique qui s’établissait pour la France, armés de tous les moyens qu’ils avaient en leur pouvoir !

Heureusement le ministère avait lui-même brisé une partie de ses propres trames, par la menace prématurée d’une attaque ou d’un siège, menace qui sur-le-champ rallia, pour la défense de Paris, une portion nombreuse des agens du despotisme ou de ceux qui tenaient de lui leurs moyens d’existence. La plupart, ayant dans la capitale leur famille, leur domicile, leurs propriétés, se trou- vaient intéressés à prévenir les désastres acciden- tels qu’entraîne après soi l’invasion violente d’une force étrangère et armée. C’est ainsi que, par la faute du ministère, ils se trouvaient placés entre deux sentimens, dont le plus impérieux les forçait de voler au danger le plus pressant. Plu- sieurs combattirent pour la liberté naissante, en croyant ne combattre que pour leur défense et pour celle de leurs foyers ; d’îfutres, entraînés par