Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/273

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Q.62 Ol’TIVRFS

renversent, jettent tout par les fenêtres, et sem- blent regretter de n’avoir p’us rien à détruire que les murailles.

Tout-à-conp, lin de leurs chefs représente qu’il faut donner une preuve de leur humanité, et aller délivrer les prisonniers détenus dans la maison de force. On y court, les portes sont enfoncées ; et deux prisonniers, les seuls qui s’y trouvassent alors, sont conduits en triomphe devant le chef. « Je suis surpris et fâché, dit-il, que vous ne » soyez que deux. Allez, et prolltez de notre bien- « faisance. » A ce mot, on se rappelle une autre espèce de détenus, les fous, les aliénés ; et l’on s’écrie qu’il faut les déhvrer sur-le-champ. L’ordre est donné, il s’exécute. Alors paraissent et dé- filent, l’un après l’autre, ces êtres infortunés, que leurs prétendus libérateurs soutiennent sous les bras, et qii’ils conduisent dans la rue, en y déposant les bardes et les malles de ces malheu- reux, qu’ils abandonnent à la pitié publique. Quelques citoyens honnêtes, pénétrés de douleur, se chargèrent d’eux, les firent conduire à l’Hôtel- Dieu, et leur donnèrent les secours dus à leur triste état.

Toutes ces horreurs, commencées dans la nuit, se consommaient en plein jour, et, ce qui est in- concevable, aux heures déterminées d’avance par les chefs. On a su depuis ( et c’est un dé ces traits qui remplissent l’âme d’une douleur profonde et d’une amertume misanthropique ), on a su qu’un