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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/280

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DJi CIIAMFOr.T. 9.69

le matin, avaient fait craindre le pillage entier de cette maison ; et le garde-général des meubles, à qui elle était confiée en l’absence de M. Thierry, avait cherché à la préserver d’une ruine qu’on croyait inévitable.

JNIais, dans la chute de toutes les autorités, qui pouvait défendre cet établissement ? Le garde-gé- néral prit donc le sage ])arti de n’opposer aucune résistance, et de parler à cette troupe, comme il eût parlé à une députation de l’hôtel-de-ville. Il supposa que ceux qui la composaient n’avaient d’autre dessein que celui de s’armer; et il leur of- frit toutes les armes qui étaient en son pouvoir, les invitant à ne causer d’ailleurs aucun dommage; conduite qui convenait à des citoyens bien inten- tionnés. Sans doute lui-même comptait peu sur l’effet de sa prière; les excès commis à Saint-La- zare le matin de cette même journée, devaient lui faire craindre l’entière destruction de la mai- son confiée à ses soins. Il ne fut pas peu surpris sans doute de l’espèce d’ordre avec lequel ils pro- cédèrent à cette opération. Les armes parurent être en effet le seul objet de leur recherche. A la vérité les plus belles, les plus riches attirèrent de préférence leur attention et leur empressement ; ils allèrent même jusqu’à se les disputer, mais sans violence, sans combat, et seulement dans les termes d’une rixe ordinaire. Fusils, pistolets, sabres, épées, couteaux de chasse, armes offen- sives de toute espèce, furent enlevés en moins