Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/286

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DE CHAMFORT. Îi-S

qu’il fallait y courir. Déjà il se mettait’ en marche, loiscjMc le comité permanent engagea M. Ethis de Coruv, j)rociireiir du roi, d’aller officiellement en demander au ii;ouvern(îur des Invalides. Cet ofiicier, militaire estimable, se trouvait ainsi placé dans la cruelle alternative de manquer à son devoir envers le roi, ou de répandre à pure perte le sang d’une nndtitude de ses concitoyens. Un régiment d’artillerie était caserne dans l’en- ceinte de l’iiotel. On y avait, depuis quelque temps, déposé une quantité considérable de fu- sils ; et rien ne prouve mieux quels formidables projets on avait formés contre la capitale, puis- qu’indépendamment de trente mille hommes ar- més qui l’environnaient de toutes parts, on avait préparé d’avance un si grand amas d’armes des- tinées sans doute aux ennemis qu’elle renfer- mait dans son sein, ou qu’on espérait d’y intro- duire. Mais cette mesure, comme tant d’autres, tourna contre les auteurs du complot. L’unani- mité de l’insurrection, l’énergie qui, dès le di- manche, s’était manifestée dans toutes les classes du peuple, déconcertèrent le gouvernement, et lui firent craindre que ces armes déposées aux Invalides et destinées à contenir les Parisiens ne servissent au contraire à leur défense. Les mi- nistres se décidèrent à les faire enlever. Mais la surveillance générale des citoyens avait rendu cette entreprise difficile. On ne put la tenter que pendant la nuit, et on ne réussit à en soustraire