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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/433

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42 ŒUVRES

tice de leur cause. L’armée royale était en déroute; on poursuivait les fuyards; on se vor ait maître du chalnp de bataille, quand Charles sort d’un bois voisin, où la prudence d’un chevalier français, nommé alors de Saint-Vatry, l’avait caché ; il fond avec un corps de réserve sur les vainqueurs, les taille en pièces, et leur arrache la victoire. Con- radin échappe au carnage avec son ami ; mais la trahison le fit bientôt tomber entre les mains du vainqueur. Le comte fit jeter les malheiirenx princes dans les prisons de Naples, d’où ils ne devaient sortir que pour marcher au supplice.

Le pape de qui Charles tenait la Sicile, en ven- dant les états du père, avait proscrit la tête du fils, arrêt horrible qui fut donné tranquillement comme un conseil : « S’il vit, avait dit le pontife, tu meurs; s’il meurt, tu vis. »

Le comte d’Anjou fut fidèL au traité par lequel il s’était engagé à faire périr l’héritier légitime du trône. Naples vit dresser un échaffaud. Con radin et Frédéric, que la prison avait séparés, se re- virent alors pour la dernière fois. Le prince de iSouabe se reprochait la mort de son ami. Frédéric le console, et monte le premier au supplice; ainsi l’avait ordonné le comte d’Anjou, qui, pour rendre aux yeux du généreux Conradin la mort plus cruelle que la mort même, voulait qu’il fut teint du sang de son ami.

Ce prince infoi’tuné voit tomber à ses pieds la tète de Frédéric. Il la saisit et la baigne de ses