Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/139

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DE CHAMFORT. , l35

dans le gouvernement d'un peuple libre , der- nier terme du bonheur où la civilisation puisse conduire les sociétés politiques.

Nous ne suivrons pas M. de Dohm dans le détail de toutes les objections qu'il multiplie contre ce décret de la chambre impériale, ni des événemens qui en furent la suite. Nous observerons seule- ment que , dans cette insurrection des Liégeois , la chambre impériale , le prince - évéque et ses partisans supposent toujours qu'il ne s'assit que de réduire un douzième de la nation, qui entraîne les onze-douzièmes restans, lesquels sont en oppo- sition avec ce prétendu douzième ; aveuglement qui paraît inconcevable à M. de Dohm , mais qui n'étonnera pas les Français. N'avons-nous pas vu en effet des hommes , d'ailleurs raisonnables et même éclairés , prétendre, au commencement de 1789 , dans le mouvement général de tous les esprits , que cette effervescence universelle n'était que l'effet d'une cabale d'intrigans , une conjuration d'avocats , une querelle de bazoche ? En même temps qu'on proposait de réduire ce douzième de la nation liégeoise , on demandait contre lui la force militaire de trois puissances , dont l'une était le roi de Prusse , comme duc de Clèves. Le roi , dont les troupes formaient les deux-tiers de la petite armée qui marcha vers Liège , devenait l'arbitre du sort des Liégeois. Il est certain qu'il pouvait les exterminer (c'est à quoi devait con- duire l'exécution littérale du décret de WetzJar)j

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