Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/198

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ig4 Ol'UVRES

sophistes de la Grèce. Mais rci se présente une singularité remarquable. Comment , dans la Grèce libre et païenne , où la religion se mêlait à toutes les institutions politiques, comment arriva- t-il que les disputes des sophistes, sur tant d'ob- jets qui tenaient à tout, soient toujours enseve- lies dans l'enceinte des écoles, sans influer sur les affaires publiques, sans occasionner aucun trouble, sans se mêler aux intrigues de l'ambition ? Et au contraire, dans cette même Grèce soumise au des- potisme, sous l'empire d'une religion dont le fon- dateur a dit mon royaume n est pas de ce inonde^ d'une religion dont la base est l'oubli ou le mépris des choses terrestres , comment se fit-il que les que- relles des sophistes chrétiens aient pris si rapide- ment une si redoutable importance, se soient as- sociées aux mouvemens de la puissance publi- que , aient influé plus d'une fois sur le sort des empereurs et de l'empire ? Comment se forma ce rappoi't nouveau , inconnu à toute l'anti- quité , entre les disputes des écoles , entre les orai^esdes cours, entre des vétillcurs et des ambi- tieux, entre des araignées qui tissent leur toile ou se dévorent dans un coin, et les aigles , ou si l'on veut, les vautoiu's qui se déchirent dans l'air? L'explication est simple. Les sophistes chrétiens étaient prêtres , du moins pour la plupart. Ce furent eux qui, peu de temps après la naissance du christianisme, le chargèrent de plusieurs dog- mes métaphysiques, étrangers à l'évangile, dog-

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