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DE CHAMFORT. 1^5

mes par qui une religion de paix devient, en peu d'années , une religion de guerre, dogmes par qui les prêtres ramenèrent les clirétiens aux inté- rêts terrestres dont J. C. avait voulu les détacher. C'était précisément détruire l'esprit du christia- nisme : mais c'était le détruire au profit des prê- tres; car le christianisme (semblable en ce point à la royauté) n'a jamais eu de plus grands enne- mis que ses propres ministres. Mais ils voulaient remédier au vice radical qu'ils trouvaient à l'é- vangile, celui de borner aux biens ^l'en haut l'in- fluence ecclésiastique. Le> biens d'en bas ayant aussi leur valeur, quelle devait être en cette posi- tion le chef-d'œuvre de l'habileté sacerdotale ? C'était de rendre temporelle la puissance spiri- tuelle, accordée par le sauveur aux pasteurs de l'église. C'est à quoi l'on parvint en substituant la théologie à la religion, en mettant sous la pro- tection de la foi certaines opinions métaphv- siques, transformées adroitement, par les prêtres, en opinions religieuses. On sent combien l'art des anciens sophistes devait être utile à cette opé- ration. Voilà ce qui , dans la Grèce chrétienne et dans Alexandrie , ressuscita, entretint et accrut le goût des subtilités scolastiques, inné chez les Grecs, et alors animé de l'enthousiasme d'une religion nouvelle. Tant que la puissance publique ne s'en mêla point, le mal ne put être que local et particulier. Mais Constantin et ses successeurs ayant été contrains d'entrer dans ces méprisables

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