Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/204

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au ciel de la mort de Jeanne. L'Université prodi- guait les hymnes et les mauvais vers sur cet évé- nement, etc. » Laissons ces atrocités, et arrivons au moment où l'imprimerie, introduite en France, préparait de loin l'instruction qui devait adoucir les mœurs. N'est-il pas remarquable que cette in- vention, destinée à détruire un jour le despotisme et la superstition dans une grande partie de la terre, ait eu pour appuis, à sa naissance, qui? I^ouis XI et deux docteurs de Sorbonne ?

Ce fut dans l'enceinte de la Sorbonne que fu- rent établies les premières presses. Il fallut les protéger contre la fureur des suppôts subalternes de l'Université, parcheminiers , copistes, relieurs, qui craignaient de mourir de faim. Il est vrai que ces presses servirent comme elles pouvaient servir alors. Elles imprimèrent des légendes , des livres de dévotion , de sorcellerie , de démonographie. Que faire ? on débute comme on peut. On com- mence par la Fleur des Saints , et on finit par le Contrat Social. Le sort des peuples ne put donc d'abord être amélioré d'une manière sensible. IMais il faut considérer que la presse dut rester , et resta en effet entre les mains de leurs tyrans ; et le bien qu'elle devait produire , se trouvait ainsi reculé jusqu'aux générations suivantes. Ce- pendant on peut apercevoir à cette époqne une accélération de mouvement dans l'esprit humain, qui se rapporte naturellement à cette cause , du moins comme à la plus puissante et la plus ac-

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