Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/205

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DE CHAMFORT. ao F

tive- Ce fut alors qu'on osa attaquer et rejeter la doctrine d'Aristotc, qui régnait dans les écoles depuis plusieurs siècles. Bientôt après, parut Ra- mus qui , le premier, s'éleva contre le jargon sco- lastique , contre l'argumentation théologique , cultiva les sciences naturelles autant qu'on le pou- vait alors , brava la persécution , la pauvreté , fut l'ami le plus courageux et le bienfaiteur de ses disciples, fut appelé aux places et les refusa, refusa sur-tout celle d'ambassadeur en Pologne , où on voulait l'envoyer pour déterminer l'élec- tion du duc d'Anjou , et dit , en rejetant l'espoir d'une grande fortune présentée à son ambition : V éloquence n'est pas uiejxeiiaire. C'est la honte de la Sorbonne et de l'Université , d'avoir persécuté un tel homme, pour avoir été d'une opinion con - traire à la leur sur la prononciation des mots quis- quis et quanquam Ce ne serait pas assez connaître l'esprit humain , de se moquer de ceux qui croi- raient que cetîe dernière querelle a pu , autant que tout autre, être cause de l'assassinat de Ramus dans la journée de la Saint-Barthélemi.

Il ne faut donc pas s'étonner si on retrouve dans nos guerres de religion , et surtout dans 'celles de la ligue, toutes les fureurs des siècles précédens. C'était l'instant du combat entre l'iiînorance ab- solue et la raison naissante , mais égarée. La su- perstition violemment attaquée , mais attaquée par des ennemis superstitieux eux-mêmes, redou- blait d'efforts pour repousser ses adversaires. Là

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