Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/236

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reprochant une indiscrète curiosité. L'auteur remaraue, cVaprès Richelieu h.ii-méme, que, lors- que le récit de ces indignités parvenait jusqu'au peuple, qui , alors connaissant peu les grands, les respectait , il n'en voulait rien croire et rejetait ces hruits comme absurdes ou calom- nieux. Rien de plus simple: il ne pouvait attacher l'idée de plaisir à ces inconcevables folies, à ces produits monstrueux d'une imagination dépra- vée. La vérité perdait, à force d'invraisemblance, son effet et ses droits: et le vice, protégé en quel- que sorte par son excès même, trouvait, dans l'incrédulité publique, un asile contre le mépris et l'horreur qu'il aurait inspirés.

Laissons donc là les amours de Richelieu avec la duchesse de Berri, la princesse de Conti, mademoiselle de Charolois', mesdames d'Averne, de Tencin, Sabran, de Nèle, Vilîars, Mouchy, Vil- leroi, Gontaut, Parabère, e tutte quanie, etc; ses duels, ses emprisonnemens, les visites des prin- cesses rivales, etc.; mais remarquons jusqu'où l'air et la mode peuvent pousser le délire, et le rendre en quelque sorte contagieux. Croirait-on qu'à son dernier emprisonnement à la lîaslille, où il fut mis ])onr la conspiration de Cellamare, toutes ces femmes que nous venons de nommer, et beaucoup d'autres encore, prirent, pour pr ime- nade journalière, les environs de la Jiastille? C'est là que se lendaient ses maîtresses délaissées, ou- tragées même pai- lui. Les voitures descendaient

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