Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2 48 OLLVRKS

la morale moins complaisante, moins arbitraire > et qui , par cette raison, a paru long-temps un peu Ijourgeoise: grand défaut, devenu moins choquant, depuis qu'au lieu de bourgeois la France a des citoyens. On commence à s'apercevoir que l'abolition des ordi'es lui a déjà lait prendre une meilleure contenance, et l'on croit qu'avec le temps elle pourra triompher de son fantastique adver- saire, V honneur frauccd s ^ dont ]M. de Richelieu était alors lui des plus illustres représentans, ayant affiché plus décent femmes, et tué ou blessé deux ou trois hommes. On l'a vu depuis, dans sa vieillesse, tenir le sceptre de l'honneiu', d'une main odieuse, avilie aux yeux de la morale, i;nais non pas aux yeux de cet honneur : obser- vation qui rend inutiles toutes celles qu'on pour- rait y ajouter.

Il était probable que ce seraient là les plus grands exploitsde M. de Richelieu, et que les suc- cès de cette espèce, ceux de la table et du jeu composeraient toute sa gloire. H n'en serait pas moins parvenu à tout; c'était le privilège des hommes de sa classe.

MaisM.de Richelieu joignait à ses vices quel- ques qualités lieureuses; et aux préjugés qui dé- gradaient sa raison , comme celle de tant d'hommes nés dans h; même; rain;, il unissait un esj)rit lin, une certaine sagacité indéllnissablii , un tact heureux et prompt qui, en toutj allaire, hii fai- sait saisir le point de la difficulté, et chercher les

�� �