Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/255

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DE CHAMFORT. iSl

posé l'Empereur. On manquait à la mémoire de Louis XIV , à la personne de Louis xv: mais ce dé- sordre arrangeait madame de Prie; et l'intérêt per- sonnel d'une vile intrigante, maîtresse du prince ministre, s'appela politique, raison d'état, pendant tout le ministère de M. le duc : c'est la règle. Une chose remarquable, et qui prouve combien les évé- nemens peuvent , en politique , devenir favorables aux plus mauvaises mesures, comme nuisibles aux meilleures, c'est que ce renvoi de l'infante, ce relus de lui substituer ime princesse de Saxe, cette étrange préférence donnée à la fdle d'un roi détrô- né, ces fausses combinaisons valurent à la France, par une suite de hasards impossibles à prévoir, la possession de la Lorraine et du duché de Bar; avan- tages très-supérieurs à ceux que pouvait apporter l'infante d'Espagne ou la princesse de Saxe.

Dans l'inquiétude que causait cette célèbre tracasserie, dont il pouvait résulter une guerre, l'ambassade d'Allemagne devenait d'une extrême importance. Richelieu osa présumer assez de son esprit et de ses talens, pour la solliciter. II trouva la cour de Charles vi livrée à l'Espagne , prévenue de la faiblesse de notre ministère, et disposée à déve- lopper cet orgueil que le faible oppose à ceux qu'il croit encore plus faibles que lui. Richelieu n eut d'abord que des dégoûts à essuyer. L'Empereur lui refusa long-temps la permission de faire son entrée : on répandait dans Vienne que , vu sa jeunesse, il ne pouvait être qu'un espion. C'est ce

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