Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/257

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DE CH.OIFORT. 2::j

et peut contribuer à leur succès. Une insulte per- sonnelle faite à Riperda, et dont celui-ci négligea de demander raison , dégrada l'ambassadeur d'Es- pagne, et lui rendit le séjour de Vienne encore plus désagréable qu'il ne l'ayait été au duc de Ri- chelieu. Celui-ci obtint Thonneur de faire son entrée: c'était l'honneur de se ruiner. Elle fut re- marquable par un faste sans exemple jusqu'alors ; mais Richelieu voulait éblouir, comme il voulait que sa cour intimidât celle de Vienne, qui prenait le ton d'une supériorité offensante. On continua de prodiguer les dégoûts à l'ambassadeur de France. L'Empereur, qui ne l'invitait ni aux bals ni aux fêtes de la cour , le réservait pour les messes , les vêpres , et tous les offices, qui étaient d'une lon- gueur insupportable à tout autre que sa majesté impériale, laquelle était dévote. L'ambassadeur tint bon contre l'ennui: courage qui lui fit beaucoup d'honneur, et montra qu'il était propre aux affaires. C'est ce que Ton ne croyait pas ; mais on en fut parfaitemeut sur, lorsqu'on le \ it tra- vailler douze ou quinze heures de suite, quelque- fois même passer les nuits à chiffrer. La patience avec laquellé^il supporta ce travail, il l'attribua toute sa vie aux différentes stations qu'il avait faites à la Bastille , où il lut avec fruit l'histoire, et prin- cipalement celle de France. C'était le seul temps de sa vie qu'il eût donné à l'étude , et il aimait à rappeler l'obligation qu'il avait à cette forteresse. La pénétration naturelle de Richelieu lui fit

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