Aller au contenu

Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/258

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

apercevoir bien vite qu’on lui avait mal fait entamer la négociation ; et il vit mieux et plus juste que tout le conseil de France : ce qui n’était pas bien difficile. Le plus simple bon sens avertissait que, dans le dessein d’appaiser Philippe v, il fallait choisir pour médiateur, non pas le roi d’Angleterre qui lui était suspect, mais l'Empereur lui-même alors disposé en faveur du roi d’Espagne. Croira-t-on qu’il fallut beaucoup de temps et de soin à Richelieu pour convaincre de cette vérité le duc de Bourbon et Morville, ministre des affaires étrangères ? On n’a indiqué, dans la vie privée au maréchal , que le principal objet de cette négociation. Les détails sont réservés à sa vie publique, et contiendront vraisemblablement un gros volume : c’est plus que la seconde guerre punique dans Tite-Live ; mais tout devient important chez les modernes.

L’étonnement que causait à Paris et à Versailles le genre de vie qu’il menait à Vienne, la facilité avec laquelle il se prétaii à des mœurs si nouvelles, lui firent donner le nom d’Alcibiade. II avait de plus avec le héros grec une autre conformité : celle de se consoler de tout, comme lui, dans le commerce des femmes. Mesdames de Badiani et de Lichtenstein prirent pitié de ses tourmens diplomatiques. L’une d’elles lui déclara qu’elle estimait beaucoup le zèle qu’il avait pour sa cour, et l’en récompensa en lui révélant les secrets de la sienne.