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intrigue ; mais il est certain qu’il n’y eut aucune part : il ne l’apprit même que par la confidence immédiate du roi. Ce n’est pas que cette accusation lui fît beaucoup de peine, puisqu’il déclare que cette complaisance est la moindre qu’on puisse avoir pour son roi , et qu’il voit fort peu de différence entre lui procurer une maîtresse ou lui faire agréer un bijou. Ces dispositions, connues du public, lui ont attiré long-temps après, et vers l’année 1770, le reproche plus grave, selon lui , d’avoir trempé dans une intrigue du même genre, mais d’une espèce beaucoup moins noble à ses 3 eux. Rien n’était plus contraire à ses principes. Il pensait qu’un roi se devait à lui- même de n’arrêter son choix, ou ses choix , que sur des femmes présentées ou faites pour l'être. C’était, selon lui, dégrader cette place que d’y élever des personnes d’un rang inférieur; et les femmes de la cour étaient de cet avis. A la vérité, quand le maître avait failli à cette règle de convenance , le devoir des courtisans était d’honorer le choix du roi , et d’en tirer tout le parti possible. C’est à quoi M. de Richelieu ne manqua jamais. Il fit à toutes les maîtresses de Louis xv une cour assidue ; et même , dans sa vieillesse , on le vit approuver le dernier goût du roi, et lui citer les noms des princes, rois et empereurs qui avaient choisi, dans les derniers rangs de la société, leurs maîtresses et même leurs épouses. C’est ainsi qu’il rajeunissait , dans ses récits amusans , l’érudition

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