Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/269

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DE CHAMFOJRT. 2^5

Madame de Châteaiiroiix , pour tirer ic roi de cette apathique indolence , souhaita qu'il parût à la tête de ses armées. Ce désir avait quelque chose de généreux ; il tourna contre elle ; mais il accrut la célébrité et la gloire de son oncle , le duc de Richelieu.

Distingué à l'affaire d'Ettinghen , où il n'eut de chagrin que ce spectacle cruel dont nous avons parlé ( les corps morts des gens de son espèce coii' fondas impitoyablement avec ceux des soldats)^ il était devenu premier gentilhomme de la chambre et lieutenant général. Il se distingua encore sous les yeux du roi, à la campagne de Flandre et à la prise de Courtrai. Son assiduité auprès de lui pen- dant sa maladie à Metz^ l'obstination avec laquelle il refusa de croire au danger réel de la maladie , tout servit à l'affermir dans la faveur du roi. Richelieu était sincère et vrai dans cette occasion : il ne crut jamais au danger de cette maladie de Metz, dont l'exagération lui parut l'ouvrage des prêtres et des courtisans, ligués pour écarter d'un prince faible et superstitieux madame de Ghateau- roux. Pendant cette crise, elle se désolait, elle pré- voyait sa perte prochaine. Au retour du roi dans la capitale , sa maîtresse, confondue dans la foule, la mort dans le cœur , jouissait de l'allégresse pu- blique. Mais quelle jouissance ! elle avait vu le roi attendri de l'amour de son peuple. « Il paraissait » ému, écrit-elle, il est donc susceptible d'un senti- » ment tendre !» Quel mot après trois ans de liaison !

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