Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/275

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DE CHAMFORT. 3^7 1

Quoi qu'il en soit , les uns et les autres doivent convenir que M. de Richelieu développa , dans l'entreprise sur Minorque , les talens et les res- sources d'un général. Il arrive à Toulon : rien n'est prêt ; il en est peu surpris : il connaissait la haine des ministres secrètement appuyés par madame de Pompadour. Il ne se rebute pas ; il presse l'arme- ment , trouve des secours dans le zèle des Mar- seillais ; il s'embarque , arrive à IMahon , forme le siège de la citadelle , vedle à tout , et s'expose comme un simple soldat. On se souviendra long- temps de la manière dont il fit cesser dans son camp l'habitude de s'enivrer. « Je déclare , dit-il , » que ceux d'entre vous qui s'enivreront désor- » mais , n'auront pas l'honneur de monter à l'as- n saut. » C'était connaître les Français.

Pendant ce temps , qu'est-ce qui se passait à , Versailles ? Ses ennemis, et surtout les ministres, faisaient des vœux contre le succès du siège. On répandait , avec la joie de la malignité triom- phante , les nouvelles fâcheuses , les bruits défa- vorables; madame de Pompadour disait hautement que Richelieu était rempli d'une présomption qui méritait d'être châtiée , humiliée par un revers. Pour le roi , il était indécis , et comme neutre entre sa maîtresse et son £;énéral. Il trouvait sans doute le châtiment un peu fort ; mais il convenait de la présomption. « Au surplus , ajoutait-il , si la » chose tourne mal , cela le regarde , il l'aura » voulu. » Par bonheur , la chose tourna bien.

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