Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/279

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DE CHAMFORT. ^'j5

déjà ébranlée par la négligence malintentionnée du ministère français.

iM. de Richelieu revint à Paris jouir d'une gloire contestée, mais réelle. Il embellit son hôtel d'un pavillon magnifique, à qui le mécontentement pu- blic avait donné le nom de pauillo/id'HajîOi're, dé- nomination adoptée par jNI. de Richelieu lui-même, soit pour la faire tomber, soit pour la faire tourner en son honneur, soit pour braver le public, plaisir auquel il n'était pas indifférent. On supposait à ses nouvelles richesses, qu'on exagérait sans dou- te, une source malhonnête. Il avait, disait-on, tiré du pays ennemi des contributions immenses; et, selon d'autres bruits plus caiomnioux proba- blement, l'argent français entrait pour beaucoup dans ce surcroît d'opulence. Ses amis répondaient que le maréchal de Yillars avait fait bien pis en- core. Sous l'ancien régime, les maliieurs et les scandales, soit publics, soit particuliers, avaient à choisir entre ces deux réponses consolantes : c'était bien pis autrefois , ou un four ce sera bien pis. Tvl. de Richelieu savait les employer à propos l'une et l'autre.

Nous ne nous étendrons pas sur les trente der- nières années de M. de R.ichelieu; elles sont trop connues de la génération actuelle, composée en partie de ses contemporains. Il sembla, dans sa vieillesse, revenir entièrement aux mœurs de la régence dont il ne s'était jamais beaucoup écarté. Toujours plein de l'idée qu'il vivrait cent ans, il

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