Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

36o ŒUVBES

parvis est maintenant occupé par les cabanes de quelques paysans arabes , il se livre à une mélan- colie profonde , qui devient par degrés un recueil- lement religieux. Bientôt sa rêverie fait place à des pensées grandes et austères. Vingt peuples fameux ont existé dans ces contrées. Il se peint l'Assyrien sur les rives du Tigre , le Chaldéen sur celles de l'Euplirate, le Perse régnant de l'Indus à la Méditer- ranée. Où sont-ils ces remparts de Ninive, ces murs de Babylone, ces palais de Persépolis , ces temples de Balbec et de Jérusalem ? Où sont ces flottes de Tvr, ces chantiers d'Arad , les ateliers de Sidon , et cette multitude de matelots , de pilotes , de marchands ? Et cependant ces peuples étaient livrés à des superstitions cruelles ou avilissantes^ tandis qu'aujourd'hui , possédées par un peuple de croyans , un peuple qui se dit saint , elles ne présentent plus que de vastes solitudes. Plein de ces pensées , dont la succession produit en son âme un retour vers l'Europe et vers sa patrie , ses yeux se remplissent de larmes ; il lui semble cni'une nécessité funeste , une aveugle fatalité régissent le sort des mortels ; et il s'abandonne à une affliction voisine du désespoir. Tout à coup un bruit frappe son oreille ; et du sein des tom- beaux , le voyageur croit voir sortir un spectre. C'est un génie dont la \oix se fait entendre et lui apporte des instructions consolantes.il lui montre la justice des cieux toujours invariable, et les lois de la nature toujours les mêmes, Dieu prodigant

�� �