Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/365

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les bienfaits de la terre à ceux qui la fertilisent. Pourquoi serait-elle féconde sous les pas de ceux qui la ravagent, dont l'avidité pille le laboureur, ou qui font des lois destructives de l'agriculture ? Quelle était cette infidélité qui fonda des empires par la prudence , les défendit par le courage , les affermit par la justice ? Quelle est cette wale crojance , cette sainteté qui consiste à détruire les cultures , à réduire la terre en solitude ? Dieu devait-il réparer par des miracles les fautes des mortels , ressusciter les laboureurs qu'on égorge , relever les murs qu'on a détruits, etc. , etc. ? Et de là, ces dogmes odieux de l'ignorance ou de l'hypo- crisie : le hasard a tout fait , le ciel avait tout décrété.

Touché des sentimens du jeune voyageur , uniquement occupé du bonheur des hommes , le génie alors le transporte dans une région supé- rieure , d'où il lui montre une moitié de notre globe , une partie de l'Europe , de l'Afrique , et surtout cette portion de l 'Asie où s'élevèrent autre- fois de si j3uissans empires. Il lui développe les causes de la prospérité et du malheur des nations , les principes des sociétés , l'origine des gouver- nemens et des lois , et enfin les vices qui entraî- nèrent la ruine des anciens états. De l'amour de soi , éclairé , bien ordonné , naquit le bonheur individuel , et ensuite le bonheur social ; de l'a- mour de soi , aveugle et mal ordonné , naquirent d'abord tous les maux individuels, et depuis tous

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