Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/38

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plante, une fleur, un éclat de rocher, çà et là placés, rien n’échappe à ma mémoire ; et ce spectacle, toujours plus touchant, m’amuse et me suit par tout.» Voilà ce qui paraîtra sans doute inconcevable à ceux qui ne connaissent ni le charme d’une indépendance absolue, ni la passion des découvertes, ni le plaisir inexprimable que la nature attache aux grands développemens de nos facultés morales et intellectuelles.

M. le Vaillant, après avoir enrichi sa collection d’un grand nombre d’oiseaux, de quadrupèdes, de plantes, etc., etc. quitte le pays des Anteniquois, et prend sa route vers l’Augekloof : c’est une vallée longue et marécageuse, entourée de montagnes escarpées et arides , que le voyageur ne put franchir qu’avec des peines inexprimables. Il ne savait si la route qu’il avait prise le conduirait vers des hordes hottentotes ou vers des Caffres. Ces Caffres, que fauteur visita depuis, étaient l’objet de la terreur universelle. Il s’en faut bien que l'auteur les ait trouvés tels qu’on les lui avait représentés dans la colonie. Le gouvernement du Cap, qui ne peut contenir dans l’ordre et dans l'obéissance les colons éloignés, ignore ou feint d’ignorer les excès monstreux dont ils se sont rendus coupables pour reculer les limites de leurs possessions aux dépens dos peuplades voisines.

De là, pairmi elles, cette haine pour les blancs, qui n’est qu’une juste horreur pour leurs cruautés ; et de là , parmi les blancs , l’atrocité des ca-