Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/411

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CIIAMFOIIT. 4^7

lin tel langage, et que, le lendemain , la maîtresse, après avoir bien pleuré, est obligée de faire les premières démarches près du ministre qu'elle voulait renvoyer ; quand , depuis ce temps , elle n'ose plus ouvrir la bouche contre lui , cela est peut-être plus beau que de n'avoir point de maî- tresses. Ainsi , loin de dire comme Ba\ le ( cpii a laissé, je ne sais comment , échapper de sa plume cette phrase grossière et ridicule ) : « Il n'a manqué « à Henri iv , pour sa gloire , que de n'être pas » eunuque » ; je dirai : rien n'a manqué à sa gloire, puisqu'il a eu celle de régner même sur ses passions. L'auteur des Mémoires , en remontant jusqu'aux derniers temps de Louis xiv , fait un précis de la naissance et des commencemens de la célèbre Maintenon et des principaux événemens de sa vie. Il n'y a là que ce qui a été écrit partout ; mais à propos de la prédiction qui lui fut faite par lai maçon , qu'elle serait un jour épouse du roi , il ajoute : « On assure que , dès ce moment , elle ne M fit pas un pas qui ne tendît à parvenir à la place » qui lui avait été promise , quoiqu'elle en pai'ùt » extrêmement éloignée. ■» ïrès-éîoignéc en effet, puisqu'alors elle était madame Scarron. Comment un homme de quelque esprit peut-il énoncer sérieusement une pareille ineptie? Si la femme de Scarron avait pu songer réellement à devenir celle de Louis xiv , elle eût été réellement folle. Celle qui eut assez de sens pour voir jour à tant d'élé- vation , lorsque Fauîour du roi ]>our elle rendii

�� �