Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/412

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au moins la tliose possible , avait aussi trop de sens pour rêver un semblable projet , quand il était hors de toutes les vraisemblances morales ; et ceux qui , dans les destinées extraordinaires , veulent toujours voir un même dessein depuis le premier pas jusqu'au dernier , montrent une ]:>ien grande ignorance des hommes et des choses. Plus un homme est habile , plus il règle sa marche sur les moyens que le hasard lui présente , et qui , le plus souvent , ne sont pas ceux qu'il a prévus ou préparés. Madame Scarron ne pouvait pas deviner que le hasard la ferait choisir pour élever en secret lesenfans de madame de Montespan : ce fut là le premier échelon de sa fortune. Quand les circonstances l'eurent fait connaître du roi , elle put encore moins s'attendre qu'à l'âge de quarante-cinq ans, elle lui inspirerait une grande passion , et d autant moins qu'il commença par avoir pour elle un éloignement marqué. Elle ne put donc jusque-là, sans être insensée, avoir le moindre pressentiment de son avenir. Mais quand elle vit le roi très-amoureux, et qu'elle le connut très-dévot, c'est alors qu'avec beaucoup d'esprit, elle put concevoir le projet de l'amener jusqu'au mariage. Cet esprit, après tout (car il en fallait), n'est pas très-rare dans une femme. Quelle est la femme ( parmi celles qui ne sont ni sottes ni amoureuses) qui ne sache pas à peu près ce qu'elle peut faire de son amant ? Madame de Maintenou n'éiaii ni fun ni rautr(\ I lie était aimable , ambi-

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