Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/433

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et nullement celui des sulpiciens et des lazaristes. M. Souiavie a beau avoir été abbé ; il a besoin d'apprendre son histoire de l'éoiise, et il est hon- teux qu'un profane soit obligé de la lui enseigner.

Il prétend que ce même Pompignan , dont je viens de parler , se repentit cVm'oir influé sur le nouvel ordre de choses. H n'y influa pas ; il le suivit un moment avec circonspection ; il n'apercevait pas jusqu'où ce nouvel ordre irait , et le grand âge avait affaibli son fanatisme.

« Le clergé dut sa grandeur primitive à ses vertus et à ses lumières. »

C'est confondre le clergé avec ce qu'on appelle la primitive église, celle des quatre premiers siècles^ qui n'était point ])roprement im clergé. Elle n'a- vait alors ni puissance , ni richesses, ni crédit ; et c'est alors qu'elle fut respectable. Quand Cons- tantin l'eut mise sur le trône , l'ambition , la fu- reur de dominer la corrompit; et les circonstances la servirent. Ce que M. Souiavie appelle la gran- deur primitive du clergé , et ce que j'appelle sa domination, fut J'ouviage non pas de ses lumières et de ses vertus , mais de ie;norance universelle , suite de l'invasion des Barbares. Les prêtres seuls savaient lire ; il leur fut aisé de tout rappeler au règne spirituel, chez des peuples abrutis et su- perstitieux. Voilà ce que tout le monde sait , ce que tout le monde a dit , et ce que M. Souiavie seul paraît ignorer.

« Le ciei^gé, dans sa décrépitude, laisse à peine

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