Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/442

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Les prêtres, attaques dans la Confession du Picaîrc savoyard , jetèreiit les liants cris ; le parlement , qui poursuivait alors les jésuites , crut de sa po- litique de ne pas paraître moins vif que le clergé sur les intérêts de la religion ; et le ministère laissa le parlement sévir contre l'auteur qui avait eu l'imprudence de n)eLlre son nom à la tête de Touvrage : et c'était ce qu'on lui reprochait le {)lus. La cour d'ailleurs , et le duc de Choiseul tout le premier, se souciait fort peu de la per- sonne et des écrits de Rousseau , pauvre , retiré , sans entours , sans crédit , et affectait de ne voir en lui qu'une tête à paradoxes , une espèce de fou qui avait du talent. Les femmes qui donnaient îe ton , et les jeunes gens qui le recevaient d'elles, n'adoraient dans Rousseau que l'auteur des let- tres passionnées de Julie et de St.-Preux. Le phi- losophé, le législateur n'était connu que d'un petit nondjre de penseurs ; et il est très-vrai qu'il fallait la révolution pour que, sous ce point de vue, il fut bien apprécié. Il n'a pas le plus con- tribué à la faire ; mais nul n'en a autant profité , quand elle a été faite ; alors il s'est trouvé le pre- mier architecte de l'édifice à bâtir ; alors ses ou- vrages ont été 1(! bréviaire à l'usage de tout le monde, parce qu'il était plus connu et infini- ment plus éloquent que les écrivains étrangers qui lui avaient servi de modèles et de guides. Vax deux mots, Voltaire sur tout a fait la révolution,

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