^O OEUVRES
gueillir de jour en jour, à mesure qu'il deve- nait un culte religieux et préludait à l'apotliéose du monarque; enfin , le résultat de cette illusion affaiblie , mais non détruite , qui , vers les derniers temps , laissait Louis xiv avec son orgueil et ses chagrins , la France avec ses disgrâces , sa misère et son avilissement, livrée à des arts agréables ou . à des goûts futiles , sans connaissance sur les prin- cipes de la société ni du gouvernement , sur les moyens de réparer ses maux et d'en prévenir la renaissance; en un mot, abandonnée à tous les hasards d'un avenir incertain , et aux caprices d'un despotisme qu'elle avait déifié soixante ans dans la personne du prince qui en avait le plus long-temps et le plus constamment abusé.
Le rédacteur des Mémoires a très-bien senti que cette peinture du siècle de Louis xiv, quoi- qu'appuvée de faits, révolterait les partisans du système despotique ; qu'ils vanteraient le bonheur de la France, au moins dans l'époque des succès du roi , n'imputant qu'aux malheurs de la guerre de la succession les désastres qui accablèrent les peuples. L'historien , pour forcer ses adversaires dans leurs derniers retranchemens, prouve que la France était dans la détresse aux temps les plus marqués par la gloire du jnonarque (i), et dès
��(i) Voltaiiecite et fait valoir les quatre années de tailles arriérée.-, que le roi remit au peuple ; mais on sait que le peuple ne doit quatrv^ années de tailles que lorsqu'il est hors d'état d'en payer une.
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