Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/75

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DE CHAMFORT. J\

l'année 1671- Il pouvait même remonter plus haut, puisque, dès l'année i664;, Louis xiv avait fait banqueroute aux créanciers de l'état. C'est ce qu'on voit par les vers de Boileau , imprimés l'an" née suivante :

Plus jâle qu'un rentier A l'aspect d'un arrêt qui retranche un quartier.

Ainsi, les conquêtes de Louis xiv furent précé- dées par une violation de la foi publique, dont rougissent maintenant les ministères les plus avi- lis. Ainsi, le même poète, destiné à chanter ensuite les victoires du roi , fournit la preuve et indique la date d'une banqueroute odieuse, dont la honte préludait à des victoires inutiles. On voit que dès-lors la France avait plus besoin de guérir ses blessures, que de conquérir la Franche - Comté qu'il fallut rendre bientôt après, et d'envahir la Hollande qu'on évacua presque aussitôt. Un autre fait rapporté ailleurs par l'historien, montre ( tou- jours dans cette brillante époque ) à quel point la France était malheureuse, puisqu'un grand nombre de terres étaient tout-à-fait abandonnées, et que Colbert défendit par une loi expresse aux propriétaires d'abandonner une terre , à mjoins qu'ils ne renonçassent à toutes leurs autres pos- sessions : loi absurde et déshonorante pour la mé- moire de ce ministre, mais qu'on ne cite ici que comme une preuve du triste état où la France était déjà réduite.

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