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8o OEUVRES

un modèle d'impudence , comme son auteuK Enfin , ce qui est un trait de caractère encore plus remarquable , ce prince prit plus d'une fois le parti du peuple contre ses ministres et ses confidens les plus intimes. Qu'on juge de leur surprise , lorsqu'au moment d'un tumulte popu- laire , à la veille de la banqueroute de Law , il repoussa le conseil violent de réprimer la sédition par la force militaire. Le peuple a rxiison , dit le prince, s'il se soulève: il est bien bon de souffrir tant de choses. Il ajouta que , s'il était né dans la classe du peuple , il eut voulu se distinguer en prenant la défense des Français outragés par le gouvernement ; mais que dans la sienne , en cas de révolte ou de guerre civile , il se mettrait à la tète du peuple contre ses ministres , si le peuple l'exigeait , pour sauver le roi.

Tel fut le prince à qui, de son temps, on trou- vait le plus de ressemblance avec Henri iv , mais qui n'en fut pas moins funeste par l'inconcevable faiblesse qui rendit inutiles toutes ses vertus. C'est ce que la duchesse d'Orléans , sa mère, avait pré- sagé , dans un apologue ingénieux , où elle intro- duisait plusieurs fées bienfaisantes , dotant son fils d'un talent ou d'une orâce ; tandis qu'une der- nière fée détruit malignement l'effet de tous ces dons , par celui qu'elle leur ajoute , la facilité de caractère. Ce mot de facilité , sidjstitué à celui de faiblesse par l'indulgence maternelle , devint d'un usage universel parmi ses courtisans. On sent

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