Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/85

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par combien de raisons il devait réussir ; et Voltaire consacra , dans la Henriade , cette nuance habilement saisie par les flatteurs , en disant de lui : Qu'il était facile et non pas faible. Mais, dans la vérité , quel prince fut plus faible que celui-ci ? Était-ce sur sa facilité ou sur sa faiblesse que comp. tait l’abbé Dubois lorsque , après lui avoir arraché sa nomination à l’archevêché de Cambrai , et voulant que son sacre si scandaleux fût honoré de la présence de son maître, il ordonnait à madame de Parabère, maîtresse du régent, d’exiger du prince qu’après avoir passé la nuit avec elle , il assistât publiquement à la cérémonie , ce qu’elle exécuta dans la crainte que ce prêtre ne la perdît auprès de son amant , comme il l’en avait menacée ? Etait-ce faiblesse ou facilité lorsque, après la banqueroute de Law , montant en carosse pour aller au parlement faire enregistrer un édit ordonnant des recherches contre les financiers, il dit à Nancré, capitaine de ses gardes-suisses, qui resta confondu : Nancré , que dites-vous de ces ministres qui font de moi un persécuteur ? On peut dire même qu’il le devint dans tous les sens, puisque , sous l’administration du prince qui méprisait le plus toute querelle religieuse, d’Argenson, devenu ministre, remplit les prisons de jansénistes, et fît même bâtir à Bicêtre trois cents loges nouvelles pour les jansénistes du menu peuple. On voit que la théologie était descendue bien bas. C’est que Dubois, qui d’abord, par un in-