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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/113

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DE CÏIAMFOKT. lO.i

son âme ; sa passion se réveille , elle rompt le silence.

Je ne triomphe pas du plus vaillant de tous ; Renaud

Mérope , à l'exemple d'Armide , entend , sans l'écouter, tout ce qu'on lui dit de ses prospérités et de sa gloire. Elle avait un fils, elle l'a perdu, elle l'attend ; ce sentiment seul l'intéresse.

Qroi ! Narbas ne vient point ! reverrai-je mon fils ?

Corneille a donné en même temps l'exemple et la leçon de l'attention qu'on doit apporter à la vérité du dialogue. Dans la scène d'Auguste avec Cinna , Auguste va convaincre d'ingratitude un jeune homme fort bouillant, que le seul respect ne saurait contraindre à l'écouter sans l'interrom- pre, à moins d'une loi expresse ; Corneille a donc préparé le silence de Cinna par l'ordre le plus formel d'Auguste. Cependant , malgré cet ordre , dès que l'empereur arrive à ces vers :

Cinna , tu t'en souviens, et veux m'assassiner !

Cinna s'emporte et veut répondre : mouvement naturel et vrai , que Corneille n'a pas manqué de saisir. C'est ainsi que la réplique doit partir sur le trait qui la sollicite.

On peut compter, parmi les manières de man- quer au dialogue , un usage vicieux , familier à plusieurs poètes , et surtout à Thomas Corneille:

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