DE CHàMFORT. ^ 127
Tout l'univers, soigneux de les entretenir.
S'empresse à Teffacer de votre souvenir :
Britannicus est seul ; quelqu'ennui qui le presse ,
Il ne voit dans son sort que moi qui s'int.resse ,
Et n'a pour tout plaisir, Seigneur, que quelques pleins
Qui lui font quelquefois oublier ses malheurs.
Voyez encore la scène où Britannicus vient reprocher à Junie son iniidélilé.
De mes persécuteurs j'ai vu le ciel complice :
Tant d'horreurs n'avaient point épuisé son courroux ;
Madame , il me restait d'être oublié de vous.
JUNIE.
Dans un temps plus heureux , ma juste impatienc« Vous ferait repentir de votre défiance : Mais Néron vous menace. En ce pressant danger , Seigneur , j'ai d'autres soins que de vous affliger. Allez , rassurez-vous , et cessez de vous plaindre : Néron nous écoutait , et m'ordonnait de feindre.
BRITANNICUS.
De quel trouble un regard pouvait me préserver ! Il fallait
JUNIE.
Il fallait me taire et vous sauver. Combien de fois, hélas ! puisqu'il faut vous le dire , Mon cœur, de son désordre allait-il vous instruire ! De combien de soupirs interrompant le cours, Ai-je évité vos yeux que je cherchais toujours ! Quel tourment de se taire eu voyant ce qu'on aime , De l'entendre gémir , de l'affliger soi-même ,
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