128 ' OEUVRES
Lorsque , par un regard , on peut le consoler !
Mais qiiols j)leurs ce regard aurait-il fait couler !
Ali! dans ce souvenir, inquiète , troublée,
Je ne me sentais pas assez dissimulée ;
De mon front effrayé je craignais la pâleur ;
Je trouvais mes regards trop pleins de ma douleur ,
Sans cesse il me semblait que Néron en colère
Me venait reprocher trop de soins de vous plaire ;
Je craignais mon amour vainement renfermé ;
Enfin , j'aurais voulu n'avoir jamais aimé.
Quelle vérité! quelle finesse de sentiment et quel style ! C'est ce langage enchanteur qui sou- tient la tragédie de Bérénice.
Je ne citerai plus que la scène où Atalide exige de Bajazet qu'il promette à Rpxane de l'épouser.
ATALIDE.
Vos bontés pour une infortunée
Ont assez disjjuté contre la destinée :
Il vous en coûte troj) pour vouloir m'(pargner,
II faut vous rendre; il laut me quitter et régner.
��Vous quitter !
ATALIDE.
Je le veux : je me suis consultée. De mille soins jaloux jusqu'alors agitée, Il est vrai , je n'ai pu concevoir sans effroi Que Bajazet pût vivre et n'être phis à moi ; Et lorsque quelquefois , de ma r!v;ile heureuse Je me i epréseutais l'image douloureuse ,
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