Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/250

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ainsi que la terreur le danger l’environne ;
tout tremble à ses genoux ; il tremble sur le trône.
On vient. C’est Zéangir. Un instant d’entretien,
me dévoilant son cœur, va décider le mien.


ACTE 1 SCENE 2


ROXELANE, ZÉANGIR.


ROXELANE.


Mon fils, le temps approche, où, devançant votre
âge,
de mes soins maternels accomplissant l’ouvrage,
vous devez assurer l’effet de mes desseins.
élevez votre cœur jusques à vos destins.
Le sultan (notre amour veut en vain nous le taire)
touche au terme fatal de sa longue carrière ;
de l’Euphrate au Danube, et d’Ormus à Tunis,
cent peuples, sous ses lois étonnés d’être unis,
vont voir à qui le sort doit remettre en partage
de sceptres, de grandeurs cet immense héritage.
Le prince, après huit ans, rappelé dans ces lieux…


ZÉANGIR.


Ah ! … je tremble pour lui.
Roxelane, à part.
Qui ? Vous, mon fils ! … ô cieux !


ZÉANGIR.


C’est pour lui que j’accours ; souffrez que ma prière
implore vos bontés en faveur de mon frère.
Les enfans des sultans (vous ne l’ignorez pas),
bannis pour commander en de lointains climats,
ne peuvent en sortir sans l’ordre de leur père ;
mais cet ordre est souvent terrible, sanguinaire.