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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/350

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Mais je ne te crains plus ; tu m’as dit mille fois
Qu’ici contre le crime on a recours aux lois.
J’ose les implorer ; tu m’y forces, perfide !
Respectable vieillard, sois mon juge et mon guide ;
Que ta voix avec moi les implore aujourd’hui.

Mowbrai.

(À part.)
Qu’allais-je faire ? ô ciel !…
Qu’allais-je faire ? ô ciel !… (À Betti.)
Qu’allais-je faire ? ô ciel !… Je serai ton appui.
Mais, mon enfant, ces lois que ton amour réclame,
En vain…

Betti.

En vain…Quoi ! par vos lois il peut trahir ma flamme !
Il pourrait oublier… Dieu ! quels affreux climats !
Dans quel pays, ô ciel ! as-tu conduit mes pas ?
Arrache-moi des lieux, témoins de mon injure,
Qui d’un amant chéri font un amant parjure ;
Exécrable séjour, asile du malheur,
Où l’on a des besoins autres que ceux du cœur ;
Où les bienfaits trahis, où l’amour qu’on outrage…
De la fidélité quel est ici le gage ?
Quel appui…

Mowbrai.

Quel appui… Des témoins, sûrs garans de l’honneur.

Betti

Oh ! j’en ai…

Mowbrai.

Oh ! j’en ai… Quels sont-ils ?

Betti.

Oh ! j’en ai… Quels sont-ils ? Moi, le ciel et son cœur.