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DE CHAMFORT. I03

Indociles coursiers , ils éprouvent leur guide;

Le faible est entraîné par leur élan rapide;

Le fort sait les dompter, les asservir au frein ;

Pour jamais de leur maître ils connaissent la main.

Les coursiers du soleil, dans leur vaste carrière,

Répandaient sans danger les feux et la lumière;

Phaéton les conduit : bondissans , furieux,

Ils consument la terre, ils embrasent les cieux.

Si ton flls des vertus a reçu la semence.

Des passions, pour lui, ne crains point l'influence;

De nos égaremcns on les accuse en vain ;

Le germe corrupteur dormait dans notre sein :

De sable , de limon cet impur assemblage ,

Rebut de l'océan, soulevé par l'orage.

Avant que la tempête eût ébranlé les airs,

Il existait déjà dans le goufl're des mers.

Passions , c'est nous seuls et non vous qu'il faut craindre.

Épurons notre cœur sans vouloir les éteindre.

Parmi tous ces désirs dans notre runc allumés.

Le tyran le plus fier de nos sens enflammés.

C'est ce fougueux instinct fait pour nous rcprc/duire,

Bienfaiteur des mortels et prêt à les détruire.

Qu'un seul objet, mon fils, t'cnchaînant sous sa loi,

Te dérobe à son sexe anéanti pour toi.

Heureux, sans doute heureux, si la beauté qui t'aime,

Remplissant tout ton cœur, te rend cher à toi-même,

Et mêle au tendre amour qu'elle a su t'inspirer,

Ce charme des vertus qui les fait adorer !

Nœuds avoués du ciel, respectable hyménée.

De mon fils à tes lois soumets la destinée !

Que par toi, de son être étendant le lien ,

Mon fils, pour être heureux, soit homme et citoyen !

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