Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/16

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îl ŒUVRES

encore admirer en elle la clémence. Je ne connais pas (le j)lns belles scènes dans Estber , ni qui frnppe |)lus vivement Tima^nation, que celle-là. Rien de si touchant que de voir ce roi si sévère , si terrii)ie , qii, le moment d'auparavant, tenait un ian£^as:e si t ffi a\ ant, prendre celui de l'aménité et de la donceur , et s'efforcer de rassurer son es- fclave treniblante. C'est dans de pareilles scènes que l'on voit , suivant 1 excellente remarque de M. de La Ifaipe , combien la vérité historique des mœurs est toujours observée par Racine (*). "Un autre que ce grand poète eût peut-être mis :

Que craignez vous , Esllicr ? suis-je pas voire époux ?

Racine a mis votre frcre \ et d'un seul mot, il nous a initiés dans les mœurs étrangères. Et puis quels vers !

Soigneur, je n'ai jamais conlemi)lé qu'avec crainte L'argnste nia'esté sur votre front empreinte. Jugez coiiiliien ce (Vont , irrité contre moi , Dans mon âme troublée a dû jeter d'ellroi. Sur ce Irônc sacré (ju'environne la l'oudre , .l'ai ,^rii vous voir tout prrt à me réduire en poudre: ilélas ! sans frissonner, quel cœur audacieux Soutiendr.iit les éclairs qui parlaient de vos yeux ? Ainsi du dieu vivant la culèrc étincelle

��f*) Voyez la note 6 de Y Eloge de Racine , par M. de La Harpe.

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