Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/273

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DE CHAMFORT.

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��Mais je commence par vous dire que je suis presque offensé de voir que vous me supposiez un plan de conduite à cet épard. Mon tour d'es- prit, mjn caractère , et les circonstances , oui tout fait , sans aucune combinaison de ma part. J'ai tou ours été choqué de la ridicule et insolente opinion , répandue presque partout , qu'un homme de lettres qui a quatre ou cinq mille livres de rente est au périgée de !a fortune. Ar- rivé à peu près à ce terme , j'ai senti que j'avais assez d'aisance pour vivre solitaire ; et mon goût m'y portait naturellement. Mais comme le hasard a fait que ma société est recherchée par plusieurs personiics d'une fortune beaucoup plus considé- rable , il est arrivé que mon aisance est devenue une véritable détresse, par une suite des devoirs que m'imposait la fréquentation d'un monde que je n'avais pas recherché. Je me suis trouvé dans la nécessité iibsolue, ou de faire de la littérature un méiier pour suppléer à ce qui me manquait du côté de la fortune , ou de solliciter des grâces , ou enfin de m'enrichir tout d'un coup par une re- traite subite. Les deux premiers partis ne me con- venaient pas. J'ai pris intrépidement le dernier. On beaucoup crié ; on m'a trouvé bizarre , ex- traordinair: . Sottises que toutes ces clamesus. Vous savez que j'excelle à traduire la pensée de mon prochain. Tout ce qu'on a dit à ce sujet, vouiait d:re : Quoi ! n'est-il pas suffisamment payé de ses peines et de ses coiuses par l'honneur

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