Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/32

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5! 8 OEUVRES

Quel rempart, quelle antre barrièr* Pourra détendre l'innocent , ^

Contre la fraude meurtrière De l'impie adroit et puissant! Sa langue aux feintes préparée, Resstrnible à la flèche acérée Qui part et frappe en un moment : C'est un feu léger dès l'entrée, Que suit un long embrasement.

(Odexii, liv. 1").

Assurément , il y a bien plus de force et de poé- sie dans ces strophes de J.-B. Rousseau; l'expres- sion de lèures d'iniquité, est une de ces expres- sions créées par le génie. Quelle énergie dans ces vers :

Sa langue aux feintes préparée, Ressemble à la flèche acérée Qui part et frappe en un moment.

/ Et la belle image qui termine cette strophe ,

est rendue avec une élégance et une concision étonnantes.

Il est bien inconcevable que M. l'abbé Batteux , pour prouver que le moelleux manquait à Rous- seau , ne se soit jamais avisé de comparer qu'un morceau de celui-ci avec Racine, où c'est Racine qui précisément a tout l'avantage de la force, et Rousseau celui du moelleux. C'est être bien mal- heureux dans son choix. Nous lisons, dans les Principes de la littérature , ou Traité de la poésie

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