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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/379

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Dt CHAMFORT. 3^3

mocrite, puisqu'il ne faut absolument plus l'ap- peler l'Auvergnat ( sobriquet qui me paraissait plaisant (*) pourtant, au moins par anti-phrase ); si M. Démocrite , dis-je, qui connaît si bien le cœur humain des femmes, ne sera pas aussi sévère que moi à cet égard, attendu qu'il sait encore mieux que le vœu bon ou mauvais de la nature est de placer l'épine auprès de la rose , et qu'à bon titre il compte davantage sur son adresse à souffler sur la rose, de manière à l'épanouir, jusqu'à ce qu'elle couvre l'épine. Quant à pousser notre ami du côté de sa force, plutôt que de le conduire vers la pente de sa sensibilité , vous conviendrez qu'il ne faut pousser son ami que quand on est bien sûr qu'il est en péril. Or , comme je ne suis pas du tout dé- cidé sur le véritable état des choses, comme je per- siste à croire qu'Aspasie pourrait beaucoup pour le bonheur de notre ami , parce qu'elle est réelle- ment très-aimable, et que, si elle l'est sous un tel maître, je vous donne à penser ce qu'elle serait dirigée par le plus aimable des philosophes et celui qui connaît le mieux les femmes, sans compter les hommes, les choses et le pays. Comme surtout j'ai très-bien éprouvé et j'éprouve encore que M. Démocrite peut se croire guéri et ne l'être pas, mais que sa blessure ne peut pas être incurable ,

��(*) On sait que les Auvergnats n'ont pas une grande réputation d'esprit.

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