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Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/389

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DE CHAMFORT. 383

averti hier , et je ne vois rien qui pnisse me faire présumer q-.ie vous ayez ciiangé l'ordre accoutumé , aii.s au contraire. En conséquence, j'ai recomme»:c»- mes réclamations ; et puisque vous arriverez deiuain , vous demanderez vous même à la poste ce qu'est devenu votre lettre, ou vous me donnerez l'espèce de billet sur lequel ils ne badineront pas.

Votre lettre est b'^n, mais seulement parce que l'on ne peut pas trouver mai ce que vous écrivez ; et tout au pli:s à ce degré qui nie fesait dire de la chanson du V. de N. : elle est ce qu'il faut, pour ne dire pas, elle est mauvaise. Ceci est vrai de la chanson , parce que l'homme a passé à côtéd'ime jolie idée, ce qui en idiome de talent , s'appelle râler . Or , le vrai talent ne rate pas. Votre lettre à vous n'est que bien , parce qu'elle n'est que douce et tendre , et ([ue vous montrez toujours le vaincu, le subjugué, ce qui peut avoir àeny;. inconvéniens ; le premier, de beaucoup re- culer, ou ^out au moins suspendre vos progrès; le second , dlntluire en erreur la pauvre créature , au point qu'elle fera q'ielque lourde sottise, dont elle ne s'apercevra que lorsque votre patience lassée et son amour propre humilié ne lui per- mettront guère plus qu'à vous de rétrograder. Je vous avais donné im bien meilleur conseil : al- ternez , vous avais'je dit ; une lettre douce et ten- dre, quoique assaisonnée, tel jour ; une lettre fine, vive, sémillante et narquoise le jour d'après.

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