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Notice

le genre de l’éloge nous ait fournis. En reconnaissant dans celui-ci la supériorité de talent, & sur-tout de vues & de résultats, d’Alembert avouait cependant à l’Auteur qu’il trouvait dans l’autre plus de littérature : « Ce que vous nommez littérature, lui répondit Chamfort, c’est-à-dire, les citations, observations & annotations, tout cela est resté dans mes rognures : je me suis bien gardé de le mettre dans mon discours[1]. »

Pour achever cet Éloge à terme fixe, il avait forcé de travail : il eut encore une rechûte qui l’obligea de partir pour les eaux de Barèges, & de consacrer aux frais d’un voyage dispendieux, tout le fruit de cet heureux ouvrage. Ce fut à ces eaux qu’il fit la connaissance de plusieurs femmes de la Cour, entr’autres de madame de Gramont sœur du duc de Choiseul. Le genre d’esprit de Chamfort, quand il voulait bien n’être qu’homme du monde, était précisément ce qu’il fallait pour y plaire. Il réussit complètement auprès de ces dames : il revint de Barèges par Chanteloup ; & M. de Choiseul, chez qui il passa quelques jours, fut sur son amabilité, sur la finesse & le piquant de son esprit, entièrement de l’avis de sa sœur.

  1. Ce qu’il appellait ses rognures joint à des observations, nouvelles, que de nouvelles méditations sur ce poëte inimitable lui inspirèrent, compose un commentaire presque complet, qui est heureusement tombé entre les mains d’un littérateur estimable (le citoyen Gail, professeur de Grec au collège de France) & qu’il ne tardera point à faire paraître, terminé par le citoyen Sélis.