Page:Chamfort - Maximes, Pensées, Caractères et Anecdotes, 1796, éd. Ginguené.djvu/22

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sans cesse distrait par ses maux, & par des travaux étrangers à ses goûts.

Il s’occupait alors du dictionnaire des Théâtres qui parut en 1776, & dont presque tous les articles de quelque importance sont de lui. Ce fut cette même année que sa Tragédie fut donnée à Fontainebleau ; elle y eut un très-grand succès, dont ses amis profitèrent pour lui obtenir une pension sur les Menus. Le prince de Condé lui accorda, le soir même de la représentation, une place de secrétaire des commandemens qui vaquait dans sa maison. Dorat avait précédemment conseillé à Chamfort de solliciter cette place ; il s’y était refusé sous différens prétextes, dont le plus réel était sa passion pour la liberté. M. d’Angiviller pour qui il avait beaucoup d’amitié, entreprit de le persuader : il y parvint. La négociation était entamée avant le voyage de Fontainebleau ; le succès de Mustapha termina l’affaire : le Prince y mit beaucoup de grâce, & parut offrir ce qu’il accordait. Chamfort crut, comme on ne lui avait dit, que c’était un simple titre sans fonctions : il espéra pouvoir assurer par-là son indépendance, ne plus occuper le public de lui & laisser le champ libre à ses rivaux ; mais à peine installé au Palais Bourbon, il s’apperçut que ce n’était rien moins qu’un bénéfice simple ; qu’il y avait une correspondance très-étendue, & des affaires de détail. Grouvelle, jeune homme de lettres plein d’esprit, de talent & d’activité, se chargea de lui épargner tous ces dégoûts. Il montra dès-lors dans ce travail, qu’on pouvait