Page:Chamfort - Maximes, Pensées, Caractères et Anecdotes, 1796, éd. Ginguené.djvu/224

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On faisait une procession avec la châsse de Ste . Geneviève, pour obtenir de la sécheresse. À peine la procession fut-elle en route, qu’il commença à pleuvoir ; sur quoi l’Évêque de Castres dit plaisamment : La Sainte se trompe ; elle croit qu’on lui demande de la pluie.

Au ton qui règne depuis dix ans dans la littérature, disait M..., la célébrité littéraire me paraît une espèce de diffamation qui n’a pas encore tout-à-fait autant de mauvais effets que le carcan, mais cela viendra.

On venait de citer quelques traits de la gourmandise de plusieurs Souverains. Que voulez-vous, dit le bon-homme M. de Bréquigny, que voulez-vous que fassent ces pauvres Rois ? il faut bien qu’ils mangent.

On demandait à une Duchesse de Rohan, à quelle époque elle comptait accoucher. Je me flatte, dit-elle, d’avoir cet honneur dans deux mois. L’honneur était d’accoucher d’un Rohan.

Un plaisant, ayant vu exécuter en ballet, à l’Opéra, le fameux Qu’il mourût de Corneille[1], pria Noverre de faire danser les Maximes de La Rochefoucauld.

  1. Corneille, Pierre. Horace (1640), acte iii, scène vi : « Julie : Que vouliez-vous qu’il fît contre trois ? – Le vieil Horace : Qu’il mourût ! / Ou qu’un beau désespoir alors le secourût. » Chamfort emprunte à Voltaire son admiratif « Voilà ce fameux Qu’il mourût, ce trait du plus grand sublime, ce mot auquel il n’en est aucun de comparable dans toute l’antiquité » (Voltaire. Commentaires sur Corneille, Remarques sur la tragédie des Horaces). (Note wiki)