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momens de sa vie, moi son ami intime, & qui lui ai fermé les yeux.

Il n’a commencé à braver M. Necker que quand celui-ci fut très-mal avec M. de Maurepas, & à sa chute, il alla dîner chez Sainte-Foix avec Bourboulon[1], ennemis de Necker, qu’il méprisait tous les deux.

Il a passé sa vie à médire de M. de Calonne, qu’il a fini par loger ; de M. de Vergennes, qu’il n’a cessé de capter, par le moyen d’Hennin[2], qu’il a ensuite mis à l’écart ; il lui a substitué dans son amitié Renneval, dont il s’est servi pour faire faire un traitement très-considérable à M. d’Ornano, nommé pour présider à la démarcation des limites de France & d’Espagne[3].

Incrédule, il fait maigre les Vendredi & Samedi à tout hasard. Il s’est fait donner 100,000 liv. du Roi, pour payer les dettes de son frère, & a eu l’air de faire de son propre argent, tout ce qu’il a fait pour lui, comme frais pour son logement du Louvre, &c[4]. Nommé tuteur du petit Bart…, à qui sa mère avait donné cent mille écus par testament, au préjudice de sa sœur, Made. de Verg…, il a fait une assemblée de famille, dans laquelle il a engagé le jeune homme à renoncer à son legs, à déchirer le testament. Et à la première faute de jeune homme qu’a faite son pupille, il s’est débarrassé de la tutelle.

  1. Antoine Bourboulon (1739-1800), intendant des Menus-Plaisirs, trésorier du comte d’Artois. (Note wiki)
  2. Pierre-Michel Hennin (1728-1807), diplomate, résident de France à Genève à partir de 1765, membre libre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. (Note wiki)
  3. Le comte François Marie d’Ornano (1726-1794) pour la France, et don Ventura de Caro (v. 1740-1809) pour l’Espagne dirigèrent la commission Caro-d’Ornano (1784-1792) qui tenta vainement d’arrêter la frontière entre les deux pays en Pays Quint, en Pays de Cize, et au-delà. (Note wiki)
  4. Louis XVI avait alloué de fortes sommes d’argent à ses deux frères, Monsieur (le comte de Provence, futur Louis XVIII) et le comte d’Artois (futur Charles X), lourdement endetté. Cf. Le Livre Rouge, ou Liste des Pensions Secrettes sur le Trésor Public, Imprimerie Royale, 1790, p. 154-157. (Note wiki)