PREMIÈRE PARTIE.
AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR
CHAMFORT était, depuis longtems, en usage d’écrire chaque jour sur de petits carrés de papier, les résultats de ses réflexions, rédigés en maximes ; les Anecdotes qu’il avait apprises ; les faits servant à l’histoire des mœurs, dont il avait été témoin dans le monde ; enfin les mots piquans & les réparties ingénieuses qu’il avait entendus ou qui lui étaient échappés à lui-même.
Tous ces petits papiers, il les jettait pêle-mêle dans des cartons. Il ne s’était ouvert à personne sur ce qu’il avait dessein d’en faire. Lorsqu’il est mort, ces cartons étaient en assez grand nombre, & presque tous remplis ; mais la plus grande partie fut vuidée & enlevée, sans doute avant l’apposition des scellés. Le Juge de Paix renferma dans deux porte-feuilles ce qu’il y trouva de reste. C’est du choix très-scrupuleux fait parmi cette espèce de débris, que j’ai tiré ce qui compose ce volume.
Je ne serais peut-être jamais parvenu à y établir quelque ordre si, parmi cette masse de petits papiers, je n’en avais trouvé un qui m’a donné la clef du dessein de l’Auteur, & même le titre de l’ouvrage. Voici ce qui y est écrit :
1re. Partie. Maximes et Pensées.
2e. Partie. Caractères.
3e. Partie. Anecdotes.
En lisant ceci, je ne doutais point que ce ne fut le titre & la division d’un grand ouvrage, dont Chamfort