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Page:Chamfort - Maximes et pensées éd. Bever.djvu/28

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depuis cinq ans et chargés de tant de mots. — Je me rends, citoyen ; mais que puis-je faire de mieux pour la mémoire de Chamfort que d’écrire notre entretien et de le publier ? Y consentez-vous ? — Volontiers. »

(Journal de Paris, du 28 ventôse, an III
[19 mars 1795].)


II


Chamfort a plus observé le monde que la Société ; plus les effets que les causes de ce qui s’y passe ; et, entre les effets, il a été plus frappé des ridicules, des bizarreries ou des absurdités, que des vices et des désordres ; et entre les ridicules, ceux des manières, du ton, du langage, ne le frappaient pas moins que celui des mœurs, de l’esprit ou du caractère.

Il était lui-même très soigneux d’éviter le ridicule ; il regardait comme un malheur d’y tomber ; il mettait de l’importance à l’éviter. Il tenait cette faiblesse de la contagion du grand monde : On ne saurait croire, disait-il, combien il faut d’esprit pour n’être jamais ridicule. — L’art de la plaisanterie, dit-il ailleurs, préserve du malheur, toujours fâcheux pour un honnête homme, d’être faux ou