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Page:Chamisso - L’homme qui a perdu son ombre, 1864.djvu/79

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penserai fidèlement à toi, car, dans les heures de l’adversité, j’ai plus d’une fois répandu des larmes dans ton sein. »

Il fallut que Bendel, effrayé de ma résolution et le cœur déchiré, obéît à ce dernier ordre de son maître. Sourd à ses représentations et à ses prières, je fus inébranlable. Il m’amena mon cheval ; je serrai encore une fois entre mes bras l’ami de mon malheur, et m’éloignai, dans les ténèbres de la nuit, de ce lieu funeste, tombeau de mes espérances. Je ne faisais aucune attention à la route que suivait mon cheval, car je n’avais plus sur la terre aucun but, aucun désir.