Page:Champfleury - Grandes Figures d’hier et d’aujourd’hui, 1861.djvu/28

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sans penser à les adresser à quiconque. Je vous crois digne de les méditer. Vous êtes entré avec courage dans la vie ; vous avez exposé nettement vos principes ; vous avez coulé dans un livre comme dans un moule la certitude de vos principes esthétiques ; vous êtes jeune et vous êtes à la tête de ceux qui, loin de ravaler les homme ? qui les ont précédés, essaient de leur rendre le chemin plus facile. Un jour, en continuant à marcher dans le sentier difficile de l’Art, vous rencontrerez de durs obstacles ; mais rappelez-vous que le véritable artiste n’est sacré que par l’injustice, et que les jaloux et les impuissants qui exercent leurs mauvais instincts en essayant de s’opposer à l’homme qui s’élève, n’en accomplissent pas moins une mission dont le but leur échappe.

En attisant le foyer pour brûler le cœur de l’artiste, ils le soumettent, sans en avoir conscience, à une purification dont il sort plus radieux, comme le métal sort plus brillant du creuset.


Paris. 3 décembre 1860.