Page:Champfleury - Grandes Figures d’hier et d’aujourd’hui, 1861.djvu/30

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siasme pour l’auteur de la Comédie humaine, et que ses nombreux ouvrages étaient peu goûtés des admirateurs de M. Dumas père. Sauf quelques esprits distingués, quelques écrivains ayant conservé le respect de l’art au fond de leur conscience, les envieux traitaient Balzac de grand producteur, et les injures ou le silence de la critique ne manquaient pas d’accompagner chacune de ses productions. La justice se fit plus tard ; mais Balzac ne put recueillir ni en fortune ni en réputation le fruit de ses travaux. M. Théophile Gautier, qui s’efforce de garder un calme absolu au milieu des misères de la vie littéraire, a fait remarquer à différentes reprises que le grand peintre de mœurs n’avait pas été mieux compris par le gouvernement que par la critique : Balzac mourut simple chevalier de la Légion d’honneur !

C’est un fait important à constater en sa faveur. Combien de médiocrités lui ont passé sur le corps dans le chemin des honneurs ! Mais n’en est-il pas toujours ainsi ? Les grands travailleurs se fatiguent le cerveau à des combinaisons d’idées, pendant que les gens habiles usent leurs habits dans les antichambres des ministères. Un bout de ruban n’était pas l’objet des soucis de Balzac peu jaloux des brochettes de décorations de certains de ses confrères. Il n’ambitionnait que le succès auprès des